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Passagers des sciences

[Journal de bord] Mis à jour - 25 avril - Ours es-tu là ?

7h30 ce matin en passerelle, c’est le dernier matin, les yeux dans les jumelles. Il y a de la concentration et il faut bien le dire un peu de fébrilité et de frustration. Un autre bateau nous a signalé à nouveau une observation d’ours, tout près… mais encore une fois nous n’étions pas au bon endroit au bon moment.


Hier soir, nous avons veillé encore jusqu’à minuit, en longeant une banquise de fjord beaucoup plus fournie que ce qu’annonçait la carte des glaces. Il fait froid, le thermomètre s’approche des -20°C. La mer est par endroit couverte de « pancakes ». Ce sont de petites galettes de glace qui indiquent que la mer regèle. Avec les lumières du soleil de minuit, le paysage est splendide.


Malgré un terrain favorable et des observations récentes, là non plus pas d’ours. À nouveau, à cause de la glace, il a fallu s’adapter, nous ne pouvons pas faire de mouillage là où c’était envisagé. Il faut prolonger la navigation jusqu’à une autre baie pour y passer la nuit.

Au matin, il fait -15°C sous un grand soleil. Ombline, la guide, nous emmène faire une petite sortie en raquettes au bord d’une toute petite baie, surplombée par d’imposantes falaises. Une cabane, les restes d’un bateau, des wagonnets de mine… et une carcasse de renne. On se rend compte qu’il y a des traces d’ours, les grosses pattes de l’adulte et les plus petites… de l’ourson. Difficile de savoir quand ils sont passés. On essaye de reconstituer ce qui a pu se passer. On enquête comme sur une scène de crime : la carcasse a été déplacée, on suit les traces dans la neige. Elle semble avoir été mise à l’eau puis remontée sur la berge couverte de neige. Ombline reste très vigilante, les situations dangereuses avec les ours sont les rencontres à terre et si on les surprend. Mais la sortie se passe sans mauvaise rencontre.

On rentre au bateau, gelés et quand même un peu fatigués.


Après le repas, on ne veut rien lâcher, Guillaume, Eric et moi, on remonte à la passerelle pour chercher encore. Ombline et Raphaël sont déjà là avec leurs jumelles, ils passent de longues heures à fouiller le paysage pour trouver des animaux.

« Il y a un ours là! » Guillaume et Eric lâchent la phrase tant attendue quasiment en même temps. Il est bien là, pas si évident à voir, couché, on ne voit que son dos rond, couleur ivoire. Mais c’est lui. Une onde de joie et de soulagement se propage et on commence à profiter, il est en train de se nourrir sur une autre carcasse.

On ne le lâche pas des yeux, on partage, on aide tout le monde à le trouver. Il mange sur la carcasse, la jette à l’eau puis la remonte sur la berge. Ensuite, il abandonne sa proie, se roule dans la neige pour se nettoyer et commence à marcher en longeant le rivage. On détaille sa démarche si caractéristique, c’est comme dans les films. Plus tard, les zodiac sont mis à l’eau et on peut s’approcher, en faisant très attention de ne pas le déranger, on guette tous les signes, si il nous regarde, si il nous sent, si il change de direction. Ombline et Raphaël sont très attentifs et précautionneux.

L'ours observé par Eric et Francine à bord du Polarfront

L’ours continue son chemin, tranquillement, il se dirige vers les falaises puis passe le cap…

Il met ses pas dans les nôtres… ceux de notre balade du matin… et on est bien rassurés d’être dans le zodiac plutôt que de tomber nez à nez avec lui. Il se met à manger sur la première carcasse du matin. L’observation se prolonge 3h dans le froid polaire.


Au début du voyage, Raphaël nous avait dit: “Au Svalbard, l’ours polaire peut être partout, tout le temps…” mais le rencontrer reste une chance. On mesure pleinement notre privilège!

Première vision...


L'ours, chez lui (et dans nos traces du matin!)

Pour plus de ressources et fiches sur l'ours polaire (cycle de vie, place dans l'écosystème arctique...), c'est ici.

Nous rentrons au bateau des étoiles plein les yeux. La journée n’est pas terminée, nous avons des interviews à mener pendant que le bateau met le cap sur notre destination finale : Longyearbyen. Derniers instants en mer…


Position : 78°13N 15°36E Température de l’air : -13,3° Température de l’eau : 0,2°


Merci à Latitude blanche d'avoir rendu possible cette résidence pédagogique.

Toutes les images: Passagers des sciences.

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